ABC éditorial : une autre improvisation pédagogique

PEU de réformes législatives seront menées avec autant d'attention et de soin que celles qui concernent l'éducation. L'engagement qu'une nation établit avec les plus jeunes exprime clairement l'ensemble des idées et des valeurs qui rendent possible le pacte social et futur. Pour cette raison, la prudence, le respect du jugement d'expert et la vocation du consensus se sont révélés être des composantes essentielles de toute initiative qui assume l'énorme responsabilité de déterminer la manière dont les prochaines générations seront éduquées.

Le ministère de l'Éducation a dévoilé le projet d'arrêté royal qui vise à modifier en profondeur les examens d'entrée à l'université. La nouvelle version du texte modifie définitivement la première version qui proposait la création d'un test de maturité, bien qu'elle ait maintenu l'approche par compétence au détriment du contenu de la mémoire. Dans cette proposition, l'évaluation des compétences linguistiques se limitera à un examen unique dans lequel, sur la base d'une série de documents (textes, tableaux ou infographies), un total de vingt-cinq questions fermées ou semi-fermées et trois questions ouvertes seront être faite, modifiant le format traditionnel, qui pendant des décennies était resté suffisamment inchangé.

Ce projet novateur a reçu une réponse presque sans précédent de la part des groupes d'intérêt. Le RAE, le Réseau espagnol de philosophie ou l'association Écrivains d'histoire seront contraints de critiquer le projet, avertissant des risques encourus par une réforme qui, de l'avis de tous, s'est interrompue de manière improvisée. L'obscurité avec laquelle la première version de l'arrêté royal a été traitée et le manque d'attention de ceux qui traitent quotidiennement de la réalité éducative ont montré que ce projet partait de mauvaises prémisses. Que des institutions aussi prestigieuses puissent formuler un jugement critique à l'unanimité avec cet examen montre la manière dont la réforme a commencé.

Hier, le ministère de l'Éducation a partagé avec les communautés autonomes un nouveau projet qui a été distribué à quatre heures du matin. Le nouveau document, qui avait déjà été divulgué par un média, revient en arrière et ne mentionne pas le test de maturité controversé, bien qu'il introduit des changements qui sont encore de grande envergure. Pouvoir corriger ses erreurs est un symptôme de lucidité. Cependant, ces dernières semaines, l'exécutif normalise le processus d'essais et d'erreurs en tant que pratique législative sans que personne n'assume de responsabilités politiques.

Le comportement erratique du Gouvernement, tant dans cette réforme que dans la loi sur l'éducation ou dans la loi universitaire, révèle une mauvaise "pratique" qui, bien qu'elle soit désormais imputable à l'Exécutif actuel, mériterait bien d'être considérée comme un mal endémique dans notre culture politique. L'éducation est une question suffisamment sensible pour arbitrer quels mécanismes de dialogue sont nécessaires pour pouvoir s'accorder, une fois pour toutes, sur une réforme globale qui répondrait avec ambition et haute vision au défi qu'elle pose. Nos jeunes hommes et femmes ont reçu un pacte d'Etat dont répond leur intérêt éducatif et culturel. Tant que l'idéologie et les intérêts des partis continueront à faire obstacle à une législation responsable, nous contracterons une dette impossible à réparer avec l'Espagnol du futur.