"C'est inhabituel dans l'histoire de la Cour constitutionnelle", dit un vote privé sur le frein au plan de Sánchez

La plupart des cinq magistrats progressistes qui se sont opposés à la suspension des amendements visant à modifier les majorités au Conseil général du pouvoir judiciaire et les règles d'élection des membres du TC considèrent que la décision d'arrêter le plan de Sánchez était une "ingérence sans précédent dans la fonction législative » par la majorité de la Cour. C'est ce qu'affirment Cándido Conde-Pumpido, Inmaculada Montalbán et Ramón Sáez dans leur vote privé, l'un des trois signé par les magistrats dissidents (les deux autres correspondent respectivement à Juan Antonio Xiol et María Luisa Balaguer).

"La décision dont nous ne sommes pas d'accord est inhabituelle dans l'histoire de la Cour constitutionnelle", soulignent les trois magistrats, pour qui le recours d'amparo signifiait plus que la plainte d'une violation de droits, mais la paralysie de la discussion et du vote du propre loi « qui était en cours de traitement au Parlement et sans même permettre » l'audition contradictoire requise par tout processus. À son avis, la suspension de la procédure législative au Sénat (où le projet de loi qui réprimait la sédition sans les amendements contestés s'est poursuivi et a été suivi) "manque de disposition légale pour qu'il puisse être approuvé dans le cadre d'un processus d'amparo".

Considérant, en outre, que la mesure conservatoire anticipait l'issue du recours d'amparo et n'est pas provisoire mais irréversible, "là qui entraîne la disparition définitive des amendements au texte qui aboutiront à une loi organique, privant le procès d'objet. "

Pour les trois magistrats, le TC "a dépassé les limites de la justice constitutionnelle" et est devenu un "arbitre des processus législatifs, dénaturant les principes de la démocratie parlementaire". Et ce parce que "la Cour n'a jamais contrôlé en amparo la procédure de formation de la volonté législative avant qu'elle n'ait été définitivement configurée", soulignent-ils.

"Conflit politique partisan"

Les magistrats s'accordent également à dire que la délibération et la résolution de cette affaire a généré un « découpage en blocs » des membres du TC, « qui véhicule auprès de l'opinion publique une image de mimétisme ou de suite de l'affrontement parlementaire et du conflit politique partisan ». Avec l'adoption de cette décision, soulignent-ils, "les principes fondamentaux de notre démocratie parlementaire ont été modifiés, ainsi que la conception de notre système de contrôle de constitutionnalité, faisant peser sur la Cour une charge politique difficile à supporter".

De l'avis des parties dissidentes, le recours en amparo du PP n'avait pas de « signification constitutionnelle particulière » parce qu'il soulevait une question de répercussion sociale pertinente et générale, ou parce qu'il pouvait avoir des conséquences politiques générales. "Réaliser une évaluation substantielle de ce type conduit inévitablement à déformer le processus d'amparo pour en faire une cause de contrôle préventif de constitutionnalité des normes ayant rang de loi en attendant son processus d'élaboration, quelque chose d'incompatible avec notre système de justice constitutionnelle".

Droit et "pouvoirs"

Le vote dissident indique que l'ordonnance de suspension "confond le pouvoir législatif, c'est-à-dire la capacité de dicter la loi, avec la loi elle-même". Seul ce dernier est soumis au contrôle de constitutionnalité, disent-ils. Au contraire, le pouvoir de dicter la loi correspond aux Cortes Generales et "ne peut être interféré par aucun autre organe de l'État, raison pour laquelle il est une sanction de dénaturation irrémédiable des principes fondamentaux de la démocratie parlementaire".

À son avis, le processus parlementaire aurait dû continuer son chemin puisqu'il n'était même pas encore au Sénat. A la Chambre haute, des amendements auraient pu être présentés au texte approuvé au Congrès, estiment-ils. Ils s'opposent également à ce que la poursuite du traitement des amendements produise un "dommage irréparable", où il perdra son objet sous couvert car "pendant que le traitement parlementaire est en cours, les chambres, notamment le Sénat, auraient pu rejeter le texte approuvé par Congrès, éliminant les dommages qui sont dénoncés ».

protection « déclarative »

Le rejet de la mesure conservatoire ne signifierait pas non plus que l'amparo perde son objet, puisqu'une éventuelle estimation de ce recours aurait permis de reconnaître la violation du droit fondamental, même si elle avait des effets déclaratoires, « comme nous l'avons toujours fait dans ces cas." "S'il est admis comme prémisse que la poursuite et, dans ce cas, l'achèvement du processus législatif causeront un dommage irréparable qui perdra son objet de protection, la conséquence sera que toute protection parlementaire dans laquelle une atteinte au ius in officium' est dénoncé dérivé d'un acte de traitement d'une procédure législative conduirait à sa suspension ». L'amparo devient ainsi un « instrument pour déformer la fonction législative des chambres parlementaires », disent-ils.

Définitivement, conclut-elle, "à notre avis, sous couvert de l'octroi d'une mesure conservatoire, une ordonnance d'admission en traitement s'est transformée en jugement affirmatif du recours en amparo".

«Nous sommes confrontés à une mesure de suspension provisoire sans précédent qui, en plus de ne pas garantir les droits des parties qui comparaissent et celles qui pourraient comparaître, ne répond pas aux exigences découlant de notre loi organique. Une mesure qui, par ailleurs, manque de précédents dans les plus de quarante ans de vie de la Cour constitutionnelle, dans la mesure où elle modifie le modèle de juridiction qui lui correspond et remet en cause l'indépendance et l'inviolabilité du pouvoir législatif et la séparation des pouvoirs de la que l'ordre, dont nous sommes en désaccord, invoque ».