Une nouvelle carte de campagne de Poutine

L'annonce, ce vendredi, du ministère russe de la Défense dans le sens de considérer que la première phase de l'invasion de l'Ukraine est "pratiquement conclue", et que son objectif est désormais de "contrôler" le Donbass suppose une rectification des desseins de Poutine sobre leurs objectifs en Ukraine.

Une telle réduction forcée du niveau d'ambition de Poutine signifie, en premier lieu, une reconnaissance, au moins partielle, de l'échec de son plan de campagne pour l'invasion. Plan qui avait Kyiv comme objet stratégique immédiat, supposant qu'en s'emparant de la capitale, la reddition de son gouvernement serait enregistrée, ainsi que la perturbation d'une résistance ukrainienne organisée. Quelque chose qui, dans ce premier cycle d'opérations, n'a pas été atteint.

Le sort de Kyiv, pour le moment, est inconnu des avions russes.

Plus difficile à interpréter est ce qui peut être fait par le "contrôle" du Donbass qui, au cas où, nécessiterait d'occuper plus de terres à l'ouest de cette zone que ce qui est actuellement compromis. De cette manière, même ses accès proches pourraient être sécurisés. Dans tous les cas, pour réduire la zone d'action et les objets à toucher, des forces peuvent être "économisées", qui pourraient être utilisées pour des opérations dans d'autres zones.

Car force est de constater également que l'objet opérationnel reste vigilant : la ligne Kharkiv-Dnepropetrovk-Zaporijia-Kherson, qui s'élève ainsi au niveau stratégique. Une telle ligne d'objectifs est déjà atteinte et assurée, appuyée par le cours inférieur du Dniepr, entre Kherson et Zaporijia. Il faudrait donc la compléter dans sa partie nord en s'emparant d'abord du coude du fleuve (Zaporiyia-Dnipropetrovsk), qui est le centre de gravité de la ligne. Puis, plus tard, poursuivre la progression vers Kharkiv combinée à un effort en tenaille de Kharkiv en direction de pour lier physiquement les deux efforts et consolider une telle ligne. Il resterait alors à « nettoyer » la zone ensachée.

De cette façon, cet Ukrainien serait laissé pour compte du reste du pays et non seulement le Donbass pourrait être sécurisé, mais aussi la mer d'Azov, la Crimée et la critique accéderaient à cette péninsule par le détroit de Kertch. Naturellement, cela signifie que le siège de Marioupol se déroulera rapidement.

*Pedro Pitarch, général (R), ancien chef de l'armée de terre espagnole