Analyse de l'arrêt de la CJUE sur le régime de sanction du modèle 720 Actualidad Jurídica

Le formulaire 720 est une déclaration informative par laquelle les contribuables résidant en Espagne notifient aux autorités fiscales des biens et des droits situés à l'étranger, tels que des biens immobiliers, des comptes bancaires et d'autres actifs financiers.

Le 27 janvier 2022, avec la publication de l'arrêt dans l'affaire C-788/19, le combat engagé par l'AEDAF en 2013 contre cette déclaration informative prend fin, en la déclarant contraire au droit de l'Union.

La CJUE commence par faire valoir que les modifications introduites par la loi 7/2012, du 29 octobre, dans la LGT, l'impôt sur le revenu des personnes physiques et l'impôt sur les sociétés représentent une restriction à la libre circulation des capitaux puisqu'elle décourage les investisseurs espagnols de faire des investissements dans d'autres États. ou empêche ou limite leur capacité de le faire, et considère également que le régime mis en place concernant les conséquences du non-respect ou du respect imparfait ou intempestif de l'obligation de déclaration des biens et droits situés à l'étranger est abusif, disproportionné, qualifiant ces biens situés à l'étranger de "injustifié". plus-values ​​», sans possibilité, en pratique, d'invoquer la prescription.

La CJUE soutient qu'une règle telle que celle analysée, qui présumerait l'existence d'un comportement frauduleux pour le simple fait de remplir certaines conditions sans permettre au contribuable de détruire ladite présomption, irait au-delà de ce qui est nécessaire pour atteindre l'objectif de lutte contre l'évasion fiscale .] et de contournement, et ne justifie pas l'existence d'une restriction à la circulation des capitaux.

Et il ajoute qu'en autorisant la réglementation espagnole de l'administration fiscale à procéder, sans limite de temps, à la régularisation de l'impôt dû pour les biens ou droits à l'étranger qui n'ont pas été déclarés ou qui ont été déclarés de manière imparfaite ou tardive dans le modèle 720 , produit non seulement un effet imprescriptible, mais permet également à l'administration fiscale de remettre en cause une prescription déjà acquise par le contribuable, ce qui s'oppose à une exigence fondamentale telle que la sécurité juridique.

S'agissant de la proportionnalité de l'amende de 150 % de la taxe calculée sur les montants correspondant à la valeur des biens ou droits possédés à l'étranger, la CJUE considère cette amende comme exorbitante, notant que - bien que l'Espagne allègue que ladite amende sanctionne une obligation soumise à l'impôt, il est incontestable que son imposition est directement liée à la violation d'une obligation purement déclarative, et conclut que ladite amende de 150 % constitue une ingérence disproportionnée dans la libre circulation des capitaux, au point qu'« elle peut conduire à des bêtises qui suppose le fait que même avec 100% de la valeur des biens et droits à l'étranger, la dette fiscale ne peut être honorée.

Et, enfin, la CJUE aborde la proportionnalité des amendes forfaitaires liées au non-respect ou au respect imparfait ou intempestif du modèle 720, amendes qui peuvent être 15, 50 ou 66 fois plus élevées que celles applicables à des infractions similaires dans le cadre de procédures purement judiciaires. et dont le montant total n'est pas limité, concluant que lesdites amendes constituent une restriction disproportionnée à la libre circulation des capitaux.

De cet arrêt il ressort qu'il existe une responsabilité patrimoniale incontestable de l'Administration, un droit dont disposent les contribuables même dans le cas où la sanction est devenue définitive.

L'article 32.5 de la loi 40/2015, du 1er octobre, établit les exigences pour exiger la responsabilité financière des dommages causés à la suite de l'application d'une règle déclarée contraire au droit de l'Union européenne. Il s'agit d'une procédure très limitée : que le contribuable ait formé un recours en temps utile contre l'acte administratif à l'origine du dommage, et qu'il ait obtenu une décision de non-lieu, à condition qu'il ait allégué dans ladite procédure la violation du droit de l'Union européenne. .

En relation avec ce précepte, la Commission a engagé une action en justice en juin 2020, dans l'attente d'une décision de la CJUE, concernant la procédure de responsabilité patrimoniale, alléguant qu'elle est contraire au principe d'effectivité en convertissant la responsabilité patrimoniale du législateur de l'État en conséquence de la violation du droit de l'Union pour la partie lésée d'introduire au préalable une action contre un acte administratif, même lorsque le dommage résulte directement de la loi.

Pour toutes ces raisons, un nouvel arrêt de la CJUE est prévisible, qui obligerait soit l'État à repenser de fond en comble le système de la responsabilité patrimoniale lorsqu'il y a violation du droit communautaire, soit, au moins dans ce cas particulier, du modèle 720 (et tous ceux qui ont été levés et qui le seront), assouplissent les restrictions.

En outre, cette phrase ouvre la voie au dépôt de plainte par toute personne physique ou morale sanctionnée pour n'avoir pas respecté ou pour avoir respecté de manière imparfaite ou intempestive l'obligation d'information impliquée par le modèle 720 pour réclamer le remboursement des sommes versées.

Et quant aux ajustements opérés, il faudra analyser au cas par cas, selon que les ajustements étaient volontaires ou imposés.

Ainsi, dans les régularisations volontaires, il faudra s'occuper de la déclaration faite relative à l'année de naissance des biens ou droits, en invoquant l'institution de la prescription concernant les plus-values ​​régularisées injustifiées, même si elles proviennent de périodes fiscales prescrites.

Et dans les réglementations imposées, il faudra distinguer les situations dans lesquelles un acte de mise en conformité a été rendu public ou non, entre autres détails. En tout cas, à partir de maintenant, tous les contribuables résidant en Espagne avec des avoirs et/ou des droits non déclarés à l'étranger pourront régulariser volontairement leur situation sans craindre le régime de sanctions dissuasives qui assimile les régularisations volontaires à celles résultant des actions des inspecteurs.