Les pays les plus touchés par le climat lancent un SOS à la COP27

Les plus vulnérables ont réussi à inscrire un nouveau point à l'ordre du jour pour des négociations sobres, une compensation financière pour les dommages causés

Un groupe d'enfants traverse un pont sur une rivière remplie d'ordures en Égypte. Khaled Elfiqi / efé

06/11/2022

Mis à jour à 8h58

L'Afrique émet une pénalité de 3,8% du total mondial des gaz à effet de serre (GES), mais c'est la région du monde où le plus de pays subissent les pires conséquences de ce qu'ils causent au climat.

Terres rendues inutiles par un climat qui oscille entre les extrêmes, des inondations torrentielles aux périodes prolongées de sécheresse, famines, migrations causées par les catastrophes naturelles, épidémies, déforestation, perte de biodiversité, pollution, insécurité alimentaire, perte d'infrastructures…

Et ils doivent faire face à tout cela avec très peu de ressources financières ou plus de capacité d'emprunt. Au total, on estime que la crise climatique a détruit un cinquième du produit intérieur brut (PIB) de ce pays.

Face à cette situation, les pays en développement les plus touchés ont fait pression pour que le sommet sur le climat en Égypte (COP27) amplifie l'agenda des points à négocier et en inclue un nouveau sur la manière de compenser financièrement les pertes et dommages subis par ces régions vulnérables.

Et ils ont réussi. Hier, le président élu de la COP 27, Sameh Shoukry, a annoncé le début "historique" du sommet alors que le financement des pertes et dommages était "officiellement inscrit à l'ordre du jour".

Ce point n'avait jamais figuré à l'ordre du jour officiel, même s'il figurait dans les pourparlers informels. En fait, il y a eu une volonté de manifester lors du précédent sommet de Glasgow et il a été au centre de l'un des débats les plus intenses, ou du moins celui qui a nécessité le plus de désaccords. A tel point qu'il a été rejeté. Maintenant que la réunion des dirigeants avait lieu en Afrique, cette revendication est devenue plus notoire et est devenue l'une des priorités de l'Égypte.

Enfin, avant l'ouverture des négociations tout au long d'aujourd'hui, lundi, l'ordre du jour sera approuvé, ce qui reflétera, maintenant comme ça, ce point jusqu'alors en suspens.

Qui et comment paie la vaisselle cassée

À l'épicentre de la discussion se trouvera désormais la formule pour mobiliser des ressources suffisantes et rapidement pour les pays les plus touchés par les catastrophes climatiques.

Des sources du Bureau du changement climatique du ministère de la Transition écologique ont expliqué qu'il est respectueux que l'aide puisse matérialiser un nouveau fonds créé « ad hoc » pour l'indemnisation de ces dommages ou en laisser d'autres (fonds verts, etc.) qui existent déjà.

Ce que les pays touchés demandent, ce sont des "facilités financières" pour faire face aux dégâts et aux pertes, mais jusqu'à présent aucune proposition n'a été vue. Maintenant que ce point sera mis sur la table, on s'attend à ce que des mécanismes spécifiques soient envisagés.

L'Union européenne et l'Espagne soutiennent l'initiative. Aussi la plupart des pays sont dans une position positive, mais la mesure dans laquelle les impressions vont reconnaître cette obligation de compenser peut compliquer la matérialisation de ce point.

Quelle que soit la position des gouvernements, ces derniers jours, de nombreux groupes ont exigé des mesures en faveur de la « justice climatique ». Il y a quelques jours, la communauté scientifique publiait un éditorial à l'unisson appelant à ce changement de paradigme dans la manière d'aborder le problème. Pas à cause d'un problème moral, soulignait la lettre, mais dans son propre intérêt. "La crise en Afrique se propagera plus tôt que tard", ont-ils averti.

L'OMS elle-même a averti hier que les alertes aux épidémies de maladies infectieuses et autres événements sanitaires dans la Corne de l'Afrique sont à leur plus haut niveau depuis 2000.

Des organisations humanitaires telles que Ayuda en Acción ont également ouvertement soutenu l'approbation de mécanismes de compensation dans cette COP27 compte tenu de la situation dans certaines régions du continent africain, entre autres. "Nous sommes attachés à un système de financement dans lequel les émetteurs et les grands pollueurs historiques indemnisent les plus pauvres pour les dommages causés", revendiquent-ils.

Participation internationale au financement

Cette polémique est liée à l'autre question qui focalisera une grande partie des discussions politiques tout au long du sommet ; c'est-à-dire reformuler le format de financement mondial pour parvenir à une adaptation efficace aux effets d'un climat climatique déjà en cours.

En plus de rechercher de nouvelles formules, il est également prévu de respecter l'engagement de Dow dans la lutte contre le changement climatique des 100 milliards précédemment convenus.

A terme, il espère revoir les objectifs d'émissions de GES pour éviter le calme mondial, l'autre grand objectif du sommet. La communauté scientifique a supposé, comme demandé par le GIEC dans son panel de février, qu'avec les engagements de réduction des gaz pris à Paris, il ne serait pas possible d'arrêter l'augmentation des températures à 1,5º, c'est pourquoi ils les ont exhortés à être plus ambitieux et de replanter les échéances dans les engagements d'émissions.

Après deux semaines de réunions et de tables techniques, on verra dans quelle mesure le contexte mondial de crise laisse la place aux dirigeants pour accepter une nouvelle feuille de route en la matière.

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